Un élevage de lapins à la pointe Un élevage de lapins à la pointe
Parce que la cuniculture tient une place prépondérante dans leur système, les associés du Gaec de Charruge n’ont pas hésité à moderniser leur structure.
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La ferme a beau être située au hameau des Canards, les quatre associés du Gaec de Charruge ont préféré se consacrer à une tout autre espèce : les lapins. Cette production, historiquement ancrée sur l’exploitation familiale de Saint-Bonnet-des-Bruyères, dans le Rhône, vient compléter leur atelier lait et viande bovine.
En toute franchise, Johann Besson, le dernier arrivé, en 2009 , avoue : « Sans l’atelier cunicole, je n’aurais pas pu m’installer avec mes parents et mon oncle, faute de pouvoir retirer un revenu suffisant pour quatre. » Avec plus de 113 000 € dégagés en 2016, cette production représente un tiers de leur produit. Un apport non négligeable, qui incite les associés à rechercher l’excellence, tout en minimisant les charges de main-d’œuvre. Dans cette optique, et en prévision de l’arrivée de Johann, ils décident de moderniser leur élevage en 2005, pour un montant de 45 000 €. « Nous sommes passés en bâtiment duo, ce qui nous a permis de travailler en bande unique, d’augmenter le cheptel de 200 à 400 mères et d’améliorer les conditions sanitaires de l’élevage », explique Bernard, le père de Johann.
En 2014, un nouvel investissement, se chiffrant à 67 000 €, permet aux éleveurs d’agrandir encore le bâtiment, acheter 80 cages mères supplémentaires et aménager une salle annexe, qui accueille toutes les femelles de renouvellement.
Le bâtiment principal est divisé en deux salles identiques. Dans la première, les femelles mettent bas et gardent avec elles leurs petits pendant 30 jours. Inséminées lorsque les lapereaux ont 10 jours, elles sont déplacées dans la deuxième salle, une semaine avant la mise bas suivante. « Quand nous sommes passés en bande unique, nous avons fait le choix de pratiquer l’insémination artificielle pour l’ensemble du troupeau. Pour un meilleur engraissement des lapereaux, nos femelles hycoles sont croisées avec des mâles grimauds, plus lourds. Il faut compter 3 heures pour l’insémination, alors qu’avant, il fallait une journée entière pour placer les mâles sur les femelles », indique Bernard. Les femelles de renouvellement arrivent sur l’exploitation à l’âge de 2 jours. « Nous en achetons 72 toutes les 6 semaines. Elles sont placées sous nos meilleures femelles, que nous avons sélectionnées pour leur critère de maternité. Elles les adoptent très rapidement », explique Johann.
De meilleures conditions de travail
Ce bâtiment leur permet de créer des vides sanitaires par salle entière, entre les lots. « Avec ces nouveaux aménagements, nous avons réduit le taux de mortalité de 18 à 5 % », se réjouissent les éleveurs. Grâce à l’installation d’une vis automatique pour la distribution des aliments, le temps de travail a été considérablement réduit. « Aujourd’hui, l’atelier cunicole représente un temps plein sur notre exploitation, avec une charge de travail un peu plus importante cinq jours après les mises bas, lorsqu’il faut trier, compter et ficher un par un les petits », spécifie Johann.
Quelque 24 000 lapins sont vendus chaque année, soit 8,8 bandes par an. Ils sont abattus à 73 jours, pour un poids moyen de 2,5 kg. « C’est notre groupement de producteurs, RABL GIE, qui négocie les contrats avec l’abattoir », explique Bernard. En 2016, ils ont été valorisés 1,85 €/kg en hiver et 1,60 € en été. « L’abattoir pratique des prix différents, car le lapin est peu consommé en été et il ne souhaite pas congeler la viande. » Les éleveurs anticipent ainsi leurs inséminations de mi-avril, pour baisser la production de 18 % en été. « En 1983, quand je me suis installé, nos lapins se vendaient 14,50 F/kg, soit 2,21 €, se rappelle Bernard. On en est loin aujourd’hui ! »
Même si les cours de la filière cunicole ont chuté, les associés du Gaec ne souhaitent pas pour autant abandonner cette production. Malgré des charges d’alimentation assez importantes, estimées à 36 000 € par an, les éleveurs la jugent intéressante, « d’autant plus que nous avons fini de payer nos gros investissements et qu’il y a de la demande ». Bernard reconnaît aussi que c’est une « production certes pointilleuse et technique, mais véritablement passionnante ! »
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